OTTOMED

Caravansérail Buyuk Han à Nicosie, Matthias Kabel, CC BY-SA.

Type

Amorces - Ateliers Thématiques de Recherche Interdisciplinaires

Année(s)

2018 - 2019

Thématique

  • B. Processus culturels et dynamiques patrimoniales. Circulation des savoirs et des objets.

Responsable(s)

Contact

Vestiges ottomans en Méditerranée : un patrimoine disputé

Vaste empire largement méditerranéen, l’Empire ottoman a cédé la place à une multitude d’Etats-nations, suscitant la question de la gestion d’un tel héritage en partage. Or, tant à l’échelle nationale, qu’aux niveaux communautaires (ethniques, religieux et/ou culturels), la disparition de l’Empire ottoman a engendré l’émergence de multiples discours mémoriels, qui entretiennent, à l’égard du passé ottoman, des relations complexes, voire conflictuelles. D’héritage en partage, le patrimoine ottoman prend des allures d’héritages disputés, dont les vestiges eux-mêmes ont longtemps souffert, dans leur mise en valeur (ou leur absence de mise en valeur).

Toutefois, les reconfigurations politiques et économiques régionales survenues au cours de cette dernière décennie, à l’échelle de la Méditerranée orientale et du Sud, ont impulsé une dynamique nouvelle à l’égard de ces héritages, dont il s’agit d’interroger les effets.

OTTOMED a pour ambition d’étudier la diversité des patrimoines matériels ottomans, dans leur(s) rapport(s) à la construction des discours mémoriels, à l’échelle méditerranéenne. Comment un héritage impérial, tel que celui du passé ottoman, s’inscrit, résiste, ou se dilue dans l’enchevêtrement de la construction des mémoires, tantôt nationales, tantôt ethniques, ou encore confessionnelles ? A quelles formes d’appropriations et de rejets est-il confronté ? En quoi le développement de nouvelles formes de mises en valeur, dans et hors les musées, à l’échelle d’une variété de « lieux de mémoire », modifie les discours mémoriels (et leur réception) ? Enfin, comment analyser l’impact, sur les pratiques culturelles et patrimoniales, de la pression croissante (et désormais incontournable, tout particulièrement au Moyen-Orient et au Maghreb) du secteur touristique ?

La promesse intellectuelle d’une telle réflexion nécessite l’intervention combinée de plusieurs approches disciplinaires (histoire, historiographies, muséologie, patrimoine, etc.). Pluridisciplinaire dans son approche, ce projet impose également une certaine forme de décentrement des méthodes de réflexion, afin d’établir un dialogue avec des acteurs extérieurs au monde universitaire scientifique, comme les institutions culturelles (les professionnels des musées, mais aussi les associations et fondations privées) et touristiques.

Enfin, interroger les appropriations du patrimoine ottoman, c’est poser la question de la nature même de la Méditerranée, de sa capacité à absorber et à partager des héritages communs en une multitude d’appropriations, cumulatives, plutôt que concurrentielles ; de son rapport délicat avec les constructions impériales – et leurs mémoires, toujours vivaces – dont le cas ottoman n’est qu’une expression.

Institutions partenaires extérieures

  • Institut Français d’Études Anatoliennes (IFEA, Istanbul)
  • Institut Français d’Archéologie Orientale (IFAO, Le Caire, Egypte)

Laboratoires partenaires LabexMed

  • IDEMEC (UMR 7307)
  • IREMAM (UMR 7310)

Résultats

  • Le projet s’est redéfini autour de la question de l’élaboration de la mémoire ottomane – depuis l’époque ottomane jusqu’à aujourd’hui.
  • A également émergé une réflexion intéressante sur la manière dont les mémoires collectives se construisent dès l’époque ottomane, autour d’institutions mémorielles notamment (comme les vakfs).
  • Se pose également la question de la permanence des héritages mémoriels ottomans, dans les pays post-Ottomans.
  • Des collaborations avec d’autres projets existants ou en cours d’élaboration, sur des thématiques connexes, ont également pu être initiées