Emmanuelle Hellio

Statut

Post-doctorant

Année(s)

2017 - 2018

Laboratoire(s)

  • LEST (UMR 7317)
  • MuCEM (Musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée)

Contrat

Mucem/LabexMed

Contact

manouhellio@hotmail.com

Actuellement

Emmanuelle Hellio est en postdoctorat à l'Université Nationale Autonome du Mexique.
Morte-saison en Méditerranée : de l’invention de l’agriculture aux nouveaux dieux de la globalisation agro-alimentaire.

La Méditerranée élevée au rang de concept promeut une représentation particulière de cet espace comme commun à l’ensemble des pays qui bordent la « mer du milieu » (Giaccaria et Minca 2011). Cet espace est pourtant traversé par la frontière la plus inégalitaire au  monde, au niveau du détroit de Gibraltar. Pour comprendre le jeu de relations complexes entre ses deux rives, l’étude des programmes de migration temporaire permet, selon moi, de sortir d’une ornière dans laquelle se trouvent les recherches sur les migrations en France : l’antagonisme entre les théoriciens de la circulation migratoire, oublieuse des frontières, de l’Etat, de la relation organique entre immigration et travail,   et ceux qui dénoncent l’Europe forteresse, érigeant en paradigme murs et camps. A rebours de ces deux visions, l’ethnographie des trajectoires, des sociabilités des saisonniers vise à rendre compte de manière fine des formes de frontières qui traversent l’espace méditerranéen.

Travaillant en France ou en Espagne, les saisonnier(e)s rentrent au pays chaque année à la  fin de leur contrat. Arpenteurs obligés des deux rives, ils sont généralement issus de milieux ruraux et ont été recrutés en fonction de critères spécifiques : pauvreté, expérience dans l’agriculture, et  pour l’Espagne, femmes ayant des enfants de moins de 13 ans au pays (considérés comme un « critère d’attache » qui augmente le « taux de retour »). Si l’on doit bien constater qu’ils circulent, ce n’est pas seulement en fonction   de leurs envies, mais aussi et surtout d’une assignation à circuler construite sur la base d’un régime de titres de séjour et de travail (« les papiers ») et d’une double dépendance : dépendance à l’argent que rapporte le contrat et dépendance à la société dans laquelle ils rentrent lorsque ce dernier se termine. Ces programmes sont donc pensés pour articuler l’activité salariale saisonnière de la migration et l’économie paysanne ou domestique au pays de façon à y externaliser certains coûts de production et de reproduction de la force de travail. Pour que le système de travail migrant fonctionne, que la double dépendance se maintienne, il faut que les deux espaces concernés soient à la fois connectés par les allers-retours des ouvrier(e)s et séparés par une frontière. La migration saisonnière implique partition familiale et généralement partition conjugale. Traversant les frontières mais aussi traversés par elles, les saisonniers et saisonnières marocaines et leurs familles sont peut-être à cet égard un des meilleurs analyseurs des frontières actuelles de la Méditerranée, de la manière dont elles sont construites, dont ceux qui les conçoivent cherchent à tisser des formes de relations spécifiques, entre les territoires du sud et du nord de l’Union européenne, relations qui s’apparentent davantage à des branchements, des canalisations qu’à des  murs ou de la libre-circulation.

Domaine(s) de recherche

  • Globalisation alimentaire, enclaves d’agriculture intensive
  • Frontières et utilitarisme migratoire
  • Sociologie du travail, sociologie rurale, des rapports de sexe et de l’immigration

Discipline(s)

  • Sociologie

Cursus

  • 2008-2014 Doctorat de sociologie à l’Urmis, Université de Nice Sophia Antipolis. Titre de la thèse : Importer des femmes pour exporter des fraises : flexibilité du travail, canalisation des flux migratoires et échappatoires dans une monoculture intensive globalisée. Directeur : Jocelyne Streiff-Fénart.
  • 2006-2007 Master 2 Migrations Internationales Espaces et Sociétés, Laboratoire Migrinter, Université de Poitiers, Mention Bien.
  • 2005-2006 Échange Erasmus à la Faculté de Sociologie et de Sciences Politiques de Grenade.
  • 2002-2005 Institut d’Études Politiques de Grenoble section Politique et Economie Sociale, Mention Bien.
  • 2000-2002 Hypokhâgne au Lycée Camille Guérin à Poitiers, Khâgne au Lycée Descartes à Tours.

Activité(s) de recherche

  • 2013 Appel à projet 2013, Mobil Hom(m)es : Habiter la mobilité en Méditerranée : formes, techniques, usages, normes, conflits, vulnérabilités. TELEMME-Centre N.Elias-LA3M-IDEMEC-LAPCOS- CIRTA-DESMID
  • 2010-2013 Projet MIMED : ANR, Lieux et territoires des migrations en Méditerranée, XIXème – XXIème siècles. Co-organisation de la journée des doctorants Mimed : La mise à l’écart en contexte migratoire, 29 novembre 2012, MMSH d’Aix.
  • 2006-2009 Projet MIGRAGRI : ANR Jeunes chercheurs 2005, Le travail des étrangers dans l’agriculture occidentale : construction européenne et évolution des modèles migratoires, coordonné par Swanie Potot.

Publications

Ouvrage Chapitres et Contribution

  • 2016, «“They know that you’ll leave, like a dog moving on to the next bin”. Undocumented male and seasonal contracted female workers in agricultural labour market of Huelva, Spain.» In Migration and agriculture. Mobility and change in the Mediterranean agriculture, de Castro, Corrado, Perrotta, Routledge.
  • 2013. « “We do not have women in boxes”: Flexibility and Seasonal Mobility of Female Farm-workers Between Morocco and Andalusia ». In Seasonal Workers in Mediterranean Agriculture. The Social Cost of Eating Fresh, Jörg Gertel et Sarah Ruth Sippel, Routledge.
  • 2012 : Co-élaboration avec Thomas Honoré des cartes «Les travailleurs saisonniers dans les engrenages de la mondialisation» ; «De Kaboul à Calais, l’itinéraire d’un réfugié afghan» et «Les trois temps de Khan à Marseille», in Atlas des migrants en Europe, Migreurop dir. Clochard et al. 1 vol. Paris, France: A. Colin : 30, 122-123. Paru en anglais chez New Internationalist.

Articles dans une revue scientifique à comité de lecture

  • 2013. « Futur simple et futur compliqué. Travailleurs étrangers en transit dans la roue saisonnière espagnole ». Hommes et migrations (1301), janv-mars
  • 2008, «Importer des femmes pour exporter des fraises (Huelva), Études rurales 2008/2, p. 185-200

Articles dans une revue scientifique sans comité de lecture

  • 2013. « Saisonnières à la carte : Flexibilité du travail et canalisation des flux migratoires dans la culture des fraises andalouses ». Cahiers de l’Urmis (14) , janv
  • 2008, « Des mains délicates pour des fraises amères », Plein Droit, Saisonniers en servage, 78 : 34-38oct,