Zoé Carle
Année(s)
Laboratoire(s)
- IREMAM (UMR 7310)
- CNE (UMR 8562)
- MuCEM (Musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée)
Contrat
Mucem/LabexMedContact
zoe.carle@gmail.comLes graffitis, genre hybride et syncrétique [Canclini ;1990] se situent sur une ligne de crête entre art et politique, entre réalisation plastique et message politique. Ils renouent avec les anciennes pratiques d’affichage public mais entretiennent également un lien fort avec les pratiques militantes orales. Entre fresque et slogan, tag vandale et pochoir, les graffitis sont ainsi un mode de communication complexe, un « media de basse technologie » [Chaffee;1993] qui prolonge et rend visible tout un ensemble de discours contestataires inaudibles ou illégaux dans l’espace public. Si la dimension esthétique et plastique est cruciale dans les processus de reconnaissance de formes d’art urbain et de pratiques d’inscriptions « déviantes » [Petrucci;1993], ces dernières émergent d’abord comme geste politique. Tandis que certaines cultures du graffiti s’inscrivent dans la pratique d’un art de rue [Cozzolino ; 2017], d’autres sont beaucoup plus frontalement idéologiques comme le rappellent Xavier Crettiez et Pierre Piazza à propos des tags en Corse [Crettiez&Piazza;2013]. Le cycle de mobilisations des années 2010 et suivantes ont remis en lumière les pratiques d’un graffiti frontalement politique. Les murs du Caire, de Tunis, d’Istanbul, les places Syntagma, Gezi, la Plaza del Sol à Madrid, ont fait l’objet d’une attention soutenue, dans le prolongement de l’intérêt suscité par les « printemps arabes » et le mouvement des places. L’espace méditerranéen a vu ainsi une intensification des pratiques d’écritures exposées politiques, avec des phénomènes de circulation d’un pays à un autre. Si dans certains pays, l’existence du graffiti était discrète voire inexistante avant l’année 2011, dans d’autres en revanche elle s’inscrit dans une histoire contestataire au long cours.
Ce projet de recherche s’inscrit dans la continuité de ma thèse, « Poétique du slogan révolutionnaire », posant l’existence d’un genre de discours jusque-là négligé dans les études théoriques. Prenant le parti d’étudier ensemble slogans oraux et écrits, l’étude m’a permis d’envisager sous un angle nouveau la question des graffitis politiques en les articulant aux cultures politiques orales, qui souffrent en général d’un intérêt moindre, posant la question cruciale de leur archivage. Mettant la matière recueillie au cours de ma thèse à disposition du musée, je souhaite prolonger la réflexion engagée sur la conservation et les logiques de patrimonialisation de ces écrits et voix politiques, en travaillant sur les collections présentes au Mucem. Je souhaite prolonger ainsi l’enquête-collecte menée au Mucem sur « Tags et graffs en Méditerranée » en accentuant l’intérêt pour les réalisations politiques, de façon à mettre au jour les fonctionnements complexes entre esthétique et politique qui se nouent dans ce mode de communication spécifique.
Domaine(s) de recherche
- Littérature politique, parole polémique, rhétorique
- Histoire intellectuelle
- Esthétique et société
Discipline(s)
- Analyse du discours
- Anthropologie du fait littéraire
- Littérature comparée
Cursus
- 2018-2019 Chercheure postdoctorale LabexMed-MUCEM rattachée à l’IREMAM et au Centre Norbert Elias.
- 2015-2018 Professeur de français en collège et lycée dans l’académie d’Aix-Marseille
- 2012-2017 Doctorat en littérature comparée, thèse intitulée Poétique du slogan révolutionnaire, sous la direction de Tiphaine Samoyault, soutenue à l’université Paris 3 – Sorbonne nouvelle.
- 2012-2015 Monitrice-allocataire à l’université Paris 3-Sorbonne nouvelle.
- 2011-2012 Boursière du MAE – stagiaire au DEAC (Département d’Enseignement de l’Arabe contemporain)
- 2009-2010 Agrégation de lettres modernes
- 2008-2009 Master II Recherche, « Lettres, Arts et Pensée contemporaine » - université Paris 7 – Denis Diderot. Mémoire de recherche sous la direction de Claude Murcia : « Fiction et documentaire dans le roman contemporain – Sonallah Ibrahim, Nanni Balestrini et Julio Cortázar. »
Publications
Ouvrage Compte-rendu
A paraître
- « La rue Mohamed Mahmoud, palimpseste de la révolution égyptienne ? » avec François Huguet Soulèvements arabes et expression artistique, collection Arts et mondialisation, PURH.
Article dans une revue
- Coordination de numéros de revues « Égypte, cinq ans après : retour sur la révolution égyptienne », Vacarme, n°74, été 2016.
Autres
- (à paraître) « La rue Mohamed Mahmoud, palimpseste de la révolution égyptienne ? » avec François Huguet Soulèvements arabes et expression artistique, collection Arts et mondialisation, PURH.
- (2016) « Les slogans de la révolution égyptienne, épure d’une épopée tue ? », « Littérature et démocratie », Communications, n°99, décembre 2016
- (2014) « Force de frappe : les slogans, entre fascination et méfiance » L'Intermède, 24 janvier 2014, http://www.lintermede.com/dossier-brievete-slogan-ambiguite-bref-enonciation-phrase.php
Récentes ou Principales (liste sélective)
- « Musiques en temps de crise : les chansons contestataires dans l’Égypte révolutionnaire », journée d’études organisée par la Philharmonie, en lien avec l’exposition « Al Musiqa : voix et musiques du monde arabe », le 7 avril 2018.
- « Lutte politique et inventions discursives », séminaire « Discours, langue et changement social » de Juliette Rennes et Emmanuel Szurek, 15 avril 2016.
- « Les slogans révolutionnaires, épure d'une épopée tue », colloque Littérature et transitions démocratiques, Casa Velazquez, du 9 au 11 février 2015.
- « Le martyrologe de la révolution égyptienne : des images aux icônes », Colloque « Survivance des icônes », Paris Dauphine et ENS Ulm, 4-5 avril 2014.
- « Les graffitis de la révolution égyptienne : une création sans chef-d'œuvre ? » Colloque « Création et Résistance », Uqam, Montréal, 27-28 mars 2014.
- « Après l’orientalisme : Écrire sur l'Égypte, d'une révolution à l'autre » table ronde avec Eve de Dampierre et Richard Jacquemond, dans le cadre du séminaire « Ecrire et penser avec l'histoire à l'échelle du monde » organisé par Catherine Coquio, Université Paris 7, 18 mars 2014.
- « Les slogans révolutionnaires : prendre le pouvoir par les mots ? » Université Ismail Moulay, Meknès, mars 2014.
- « The slogans of the Egyptian Revolution : Renewing the Popular Epic », The Culture of Popular Cultures, Queens University of Belfast, 13 décembre 2013.
- « Graffiti of the street Mohamed Mahmoud – Dialogical writings and new medias » dans le cadre du séminaire du Cédej, Institut français d'Egypte, Le Caire, 9 décembre 2013.
- « The commoditization of revolutionary art ? The example of Egyptian graffiti », « Resistance and Art », Graduate mini-conference, BRISMES, University of Edinburgh, 16 novembre 2013.
- « Le peuple veut – les énonciations collectives de la révolution égyptienne » dans le cadre du séminaire « Je est un autre : nous », Paris 3 – ENS Ulm, 24 octobre 2013.
- « Au carnaval de la révolution égyptienne – les pancartes pendant les dix-huit jours » dans le cadre de la journée doctorale « Pouvoir(s) du rire », organisée par l'Atelier d'anthropologie de l'EHESS, 22 avril 2013.