Matteo Magnani

Statut

Post-doctorant

Année(s)

2012 - 2014

Laboratoire(s)

  • TELEMMe (UMR 7303)

Contrat

Incoming

Contact

mfj.magnani@gmail.com
La « fabrique du droit » en Crète vénitienne

L’objet premier de mon projet de recherche consiste en la compréhension des mécanismes de fonctionnement de la justice en Crète vénitienne au XIVème siècle, c’est-à-dire dans un espace de colonisation où la nécessité de « fabriquer » un état juridique spécifique se fait particulièrement sentir. Les nombreux conflits de propriété, de même que ceux relatifs aux questions d’endettement – révélateurs de la place capitale que le crédit revêtait dans l’ensemble des liens sociaux en cette époque de crise, dans une île qui reste essentiellement un lieu de contacts et de contrastes au cœur de la Méditerranée – représentent un axe d’entrée privilégié pour étudier cette problématique. Il s’agit plus précisément de comprendre le règlement des conflits de cette nature en étudiant les procédures et le système probatoire, les peines et tous les modes souples de négociation mis en œuvre afin de résoudre les conflits sociaux.

Par le dépouillement systématique des sources inédites conservées dans L’Archive du  Duc de Candie,  (ancienne Héraklion, capitale de  la Crète), conservée aux Archives d’Etat de Venise, nous explorerons la pratique de la justice. Le corpus documentaire édité, mais surtout inédit, est très riche et peut nous renseigner du point de vue structural ainsi que du point de vue fonctionnel sur la complexité des institutions que Venise a implantées en Crète.   En second lieu et sur cette base, il s’agira de saisir les différentes étapes de la construction de l’identité politique vénitienne en Crète. Cette problématique centrale, liée à l’histoire sociale et institutionnelle, s’inscrit ici directement dans l’histoire des systèmes de pouvoir selon un aspect pragmatique, c’est-à-dire perçue par l’ensemble des formes de domination mises en place par Venise pour gouverner Candie et les autres villes crétoises. Cette problématique renvoie au concept de légitimation du pouvoir et à la façon dont sont employés les instruments juridiques par lesquels le pouvoir construit la légitimation de la souveraineté politique en Crète. On peut également observer, sous un autre angle, la création d’un rôle stratégique précis assigné par ce même pouvoir au langage judiciaire comme un véritable moyen de communication entre les acteurs sociaux. Ce type de langage se trouve tout-à-fait partagé par l’ensemble des acteurs sociaux, tant par les occupants que par les occupés, par les gouvernants que par les gouvernés. La question est d’une importance capitale, car ce partage – que nous pouvons observer un peu partout en Europe à la même époque – n’était pas automatique. Il eut une gestation particulière née à partir des chaînes de crises qui ont traversé la société du XIVe siècle et qui – en Crète comme à Venise même – ont créé les conditions pour l’emploi systématique d’une série de doctrines juridiques spécifiques fondées sur la procédure d’exception. Ces procédures (le privilège, l’arbitrium, la supplique et la grâce, le recours à l’enquête), utilisées de manière systémique, sont devenues des instruments ordinaires de gouvernement.

D’un point de vue méthodologique, mon analyse est attentive aux éléments techniques, notamment la procédure, mais portera également sur les différentes temporalités mises en œuvre au cours d’un procès. Depuis les années 1990 en effet, les historiens médiévistes spécialistes de la justice en Occident tentent de comprendre, à partir de l’observation de la conduite de tous les acteurs impliqués dans le procès, la construction du délit en tant que « fait judiciaire ». Cette façon actuelle d’appréhender les sources judiciaires a déjà permis de souligner le fait que le moment de la résolution des conflits, particulièrement documenté par les sources, était souvent prioritaire par rapport au moment répressif. La procédure est ainsi devenue l’ossature d’une nouvelle conception de la justice d’Ancien Régime, qui a mis «le conflit» au cœur de la recherche et souligné la dialectique nouée entre les institutions centrales et les sociétés locales, entre personnel de justice et communautés.

Domaine(s) de recherche

  • Histoire de la Justice au Moyen Âge; histoire du droit ; histoire urbaine ; histoire post-byzantines ; histoire de la Crète vénitienne ; histoire de Venise.

Discipline(s)

  • Histoire médiévale

Cursus

  • Octobre 2010-Mars 2012 Chercheur postdoctoral dans le projet POSDRU 61104 (École des Hautes Études en Sciences Sociales en partenariat avec l’Académie Roumaine de Bucarest).
  • Juin 2010-Septembre 2010 Chercheur-stagiaire Lifelong Learning Project - Leonardo da Vinci - Mobility PLM. (Institute for Mediterranean Studies).
  • Janvier 2007-Janvier 2010 Doctorat de recherche (Université de Turin), XXIIe cycle. Directeur de Thèse : Massimo Vallerani. Date de soutenance: 29 Mars 2010. Titre de la thèse : L’amministrazione della giustizia a Torino alla fine del Trecento. Reati, conflitti e risoluzione delle dispute in un comune principesco.
  • 29 Janvier 2005 Laurea Magistrale in Lettere Moderne (Maîtrise en Belles Lettres) auprès de l’Université de Turin. Directeur du mémoire : Giuseppe Sergi. Titre du mémoire : Il linguaggio della sessualità nelle fonti liriche italiane del XIII secolo.

Publications

Récentes ou Principales (liste sélective)

  • https://halshs.archives-ouvertes.fr/LABEXMED/search/index/q/authFullName_t%3A%28Magnani+Matteo%29/